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[Replay] Aider les métiers à consommer les données : data marketplace ou data catalog ?

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Comment Bristol utilise l’open data pour améliorer la qualité de vie de ses citoyens

La ville de Bristol a été classée comme l'une des villes les plus “smart” du Royaume-Uni. Comment le conseil municipal utilise-t-il l'open data ? Comment développe-t-il sa communauté ? Mettons fin au suspense sans plus attendre !

Enterprise Customer Success Manager, Opendatasoft
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Depuis près de dix ans, tout le monde parle des « smart cities » ou villes intelligentes. Mais en connaissez-vous vraiment tous les tenants et les aboutissants ? Quels projets concrets les territoires intelligents peuvent-ils entreprendre et quelles sont les principales difficultés qu’ils rencontrent ? La ville de Bristol nous donne la réponse à ces questions. Classée parmi les villes les plus « intelligentes » du Royaume-Uni, juste derrière Londres, Bristol s’est imposée comme l’une des pionnières du partage de données publiques. Nous avons interrogé Marius Jenning, chef de projet Open Data au conseil municipal de Bristol, et Steve Crawshaw, coordinateur du programme, pour leur poser toutes les questions qui nous brûlent les lèvres.

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Marius est chef de projet Open Data au conseil municipal de Bristol. Il a également travaillé en étroite collaboration avec l’équipe d’innovation urbaine, qui a contribué à établir la stratégie de ville intelligente de Bristol. De plus, Marius prévoit de collaborer avec les organisations et les citoyens afin de favoriser des projets innovants, susceptibles de répondre aux défis que la ville doit relever. Chaque jour, Marius réfléchit aux meilleurs moyens de partager et d’utiliser l’open data, à la fois en interne auprès de ses collègues et en externe, auprès des nombreuses parties prenantes de la ville. « En réalité, notre approche se résume à faire connaître les données, expliquer ce qu’est l’open data, puis en montrer les avantages”, explique Marius. “C’est une manière de mettre à disposition des données que la loi sur la liberté d’information nous oblige à fournir ».

Selon lui, l’open data est un outil indispensable pour renforcer les liens entre le gouvernement, les acteurs de la ville et les citoyens. Or, cette connectivité est précisément ce qui définit une « ville intelligente ». L’open data ouvre donc un champ d’application  presque infini pour les données. Plutôt que de se limiter aux prestataires traditionnels, comme les fournisseurs de services publics ou le secteur du transport, Bristol établit clairement que les données doivent être disponibles à tous. « C’est une manière bien plus efficace de fournir des informations aux personnes intéressées, car elles bénéficient ainsi d’un guichet unique qui rassemble toutes les informations dont elles ont besoin », précise Marius.

Étudiants, chercheurs, secteurs privés et petites entreprises… Dans une ville intelligente, la collaboration est reine. Bristol cherche ainsi à utiliser l’open data pour mettre en contact différents acteurs afin de « trouver des solutions plus efficaces que par le passé ». Marius a également abordé les défis auxquels Bristol est actuellement confrontée. « On a l’impression d’être dans un roman de Dickens, a-t-il affirmé. D’un côté, c’est une ville aisée et prospère, mais de l’autre, près de 10 % des citoyens vivent dans certaines des zones les plus pauvres du Royaume-Uni ». Pour Bristol, l’enjeu est donc de promouvoir des projets qui peuvent bénéficier aux deux facettes de la ville. « La ville doit permettre à tout le monde d’avancer », ajoute Marius.

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Le moteur d’une ville intelligente n’est pas la technologie, mais les personnes. « La question n’est pas de savoir si la ville est high-tech ou non, mais si elle prend des mesures qui améliorent la vie de ses habitants. Tient-elle compte des enjeux à venir et tente-t-elle de trouver des façons innovantes de les surmonter ? » À travers ces questions clés, Marius a cherché à définir le véritable rôle d’une ville intelligente. Citons deux exemples qui montrent comment Bristol illustre la manière dont une technologie intuitive peut révéler tout le potentiel d’une ville grâce à ses habitants.

Le premier est son utilisation des données relatives au trafic. Le conseil municipal de Bristol génère des milliers d’entrées chaque jour, mais les données n’étaient pas utilisées en dehors du conseil. « Elles étaient littéralement abandonnées dans un coin », déplore Marius. En effet, générer une telle quantité de données n’est d’aucune utilité sans une plateforme permettant de les partager ou de les réutiliser. C’est d’ailleurs le dilemme auquel sont confrontés de nombreux autres gouvernements municipaux. Marius nous a révélé pourquoi la ville de Bristol a décidé de chercher des façons innovantes d’utiliser les données relatives au trafic. « Nous avons étudié différentes manières de fournir ces données aux parties intéressées de manière rentable, car nous étions conscients de leur potentiel… Malheureusement, nous n’avions tout simplement pas les mécanismes nécessaires ».

En définitive, Bristol a décidé de combiner un logiciel innovant, nommé FME, à son portail Opendatasoft. Steve, coordinateur du programme, nous fournit plus de détails : « Ce qui est fantastique, c’est que ce serveur est capable d’accéder aux données issues des différents serveurs utilisés par le conseil municipal, ainsi qu’à des flux de données externes. Ensuite, il extrait ces informations en temps réel et les intègre au portail Open Data que nous avons mis en place avec Opendatasoft. Pour nous, c’est une véritable révolution. Sans cela, la seule manière de mettre à jour ces informations serait de demander à un employé de les télécharger pour une période donnée. Puis, ce serait à moi de les traiter manuellement ». L’utilisation de la FME, combinée au portail Opendatasoft, a permis à Bristol de recueillir plusieurs types de données, y compris le débit et la vitesse des véhicules, le temps de trajet moyen d’un point A à un point B, etc. De plus, ces données sont mises à jour quotidiennement. « Nous avons 6 millions d’entrées en ce moment, et tous les jours, plusieurs milliers d’informations supplémentaires viennent s’y ajouter », a précisé Steve.

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Une simple plateforme open data peut promouvoir des projets de toutes sortes grâce à des manipulations faciles. Venons-en à notre deuxième exemple : l’utilisation faite par Bristol de son portail open data pour améliorer la qualité de l’air. Le taux d’émission du Royaume-Uni dépassait la limite établie par les directives européennes sur la qualité de l’air. Les taux de NO2 (dioxyde d’azote), principalement émis par le diesel, étaient particulièrement élevés. Pour améliorer la qualité de l’air, Bristol a commencé par rendre les données et les informations disponibles pour tous les citoyens et les diverses parties prenantes. « Le but est d’être aussi transparent que possible et de révéler aux citoyens la teneur des données et la façon dont elles sont traitées », a précisé Marius.

« Il existe près de 110 sites de contrôle de la qualité de l’air autour de la ville, qui assurent un contrôle et produisent des données sur la pollution et les différents types d’émission », a expliqué Steve, qui a inventé le tableau de bord sur la qualité de l’air de Bristol. Sur le portail, on peut facilement consulter les indicateurs de qualité de l’air, qui sont mis à jour d’heure en heure grâce à un portail open data normalisé. Présentant des données historiques qui remontent à plus de vingt ans, le portail de Bristol donne aux citoyens un aperçu global de l’impact et de l’évolution de la qualité de l’air. Il leur permet aussi de comparer et d’observer les différences entre les quartiers pour voir dans quelles zones les efforts doivent se concentrer.

Ce qui était à l’origine une initiative municipale est alors devenue une initiative citoyenne. Les membres de la communauté se sont intéressés au processus et ont commencé à recueillir des données sur la qualité de l’air depuis leur propre jardin. Le Luftdaten Air Quality data est un jeu de données généré par des particuliers. Il utilise un capteur bon marché installé dans les maisons et les jardins des habitants pour contrôler la qualité de l’air et transmettre les données collectées toutes les heures. Là encore, les données qui sont transmises en temps réel par les capteurs Luftdaten à Bristol sont publiées sur le portail open data. Cette initiative prouve que pour renforcer la communauté et stimuler l’engagement citoyen, il faut d’abord assurer l’accessibilité et la transparence des données et des informations.

Comment a évolué la qualité de l’air pendant le confinement par rapport aux niveaux habituels ? On se souvient des photos des rues désertes et du ciel bleu foncé qui ont inondé les réseaux sociaux, démontrant la différence spectaculaire qu’un confinement peut avoir sur la qualité de l’air dans les milieux urbains. Steve nous apporte toutefois quelques précisions : « Il est vrai que de nombreux rapports ont confirmé que la qualité de l’air s’est améliorée pendant le confinement, mais la réalité est un peu plus complexe ». En effet, l’absence de trafic a considérablement réduit les émissions des véhicules, mais les nombreuses données ouvertes collectées par Bristol montrent que le bilan doit être nuancé : certains gaz polluants ont augmenté pendant le confinement. Pour en savoir plus sur la qualité de l’air pendant le confinement dû à la Covid-19, consultez le rapport de Steve. Il renvoie directement aux données sur la qualité de l’air publiées sur le portail grâce à un document Rmarkdown dans l’API Opendatasoft. La mise à disposition de millions d’informations et de graphiques de haute qualité sur le portail permettra aux chercheurs de fournir des recommandations plus précises et fiables concernant la qualité de l’air.

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« Il est fondamental de recruter des personnes qui possèdent des compétences techniques. Nous sommes extrêmement chanceux de pouvoir compter sur Steve », se réjouit Marius, soulignant les grandes difficultés que toutes les villes doivent affronter en cette ère d’évolution digitale. Pour assurer le succès de la publication des données, les dirigeants municipaux doivent posséder les connaissances techniques nécessaires pour traduire des données brutes en un langage compréhensible par tous. Les spécialistes comme Steve jouent un rôle crucial : démocratiser les données disponibles et supprimer les goulets d’étranglements pour permettre aux individus de comprendre les données. Un facteur dont les villes qui aspirent elles aussi à être plus “smart” devront tenir compte pour renforcer leur connectivité et leur transparence.

« Sur le long terme, le but de l’Open Data à Bristol est de devenir une source d’information pertinente pour la ville », a résumé Marius. Une conclusion qui est d’autant plus pertinente en 2020, puisque les villes doivent innover et trouver de nouvelles solutions pour gérer des crises sans précédents. La ville en tant que ressource de données « permet aux habitants de faire des expériences et nous aide en tant que ville à atteindre nos objectifs ». Enfin, Marius souligne avec optimisme que « Bristol possède une communauté très active, ce qui lui permet de réaliser des changements positifs et d’être innovante, et nous voulons soutenir cette communauté ». Pour en savoir plus sur les projets de réutilisation des données lancés par la communauté de Bristol, cliquez ici.

À bientôt pour de nouvelles dataventures !

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