Comment les données transforment-elles notre manière d’écrire des poèmes ?
L'accès aux données transforme la façon dont nous travaillons. Découvrons l'histoire de Mr Gee, un poète londonien qui met en valeur la beauté et la dimension artistique des données.
L’accès aux données transforme la façon dont nous travaillons. Découvrons l’histoire de Mr Gee, un poète londonien qui met en valeur la beauté et la dimension artistique des données.
À quoi ressemblent vos activités professionnelles au quotidien ?
Je me réveille, je lance un baiser vers les cieux, et puis je consulte ma boîte mail. Généralement, soit je dirige des ateliers, soit je suis sur scène, soit j’écris. Le plus souvent, ma journée s’organise en fonction du problème le plus urgent à ce moment précis. Parfois, j’enchaîne deux ou trois spectacles par jour pendant plusieurs jours, tandis que d’autres fois, je m’enferme dans ma propre tête pour distraire des notions. Cet entretien prend un tour un peu abstrait, mais après tout, je suis poète ! Je m’endors chaque nuit dans les bras de l’abstraction.
Comment définiriez-vous les données ?
Les données d’aujourd’hui sont une ébauche des souvenirs de demain, qui ne peut pas encore prononcer son propre nom. Pour connaître sa raison d’être, il faut d’abord connaître son vrai nom.
Comment intégrez-vous les données à vos activités professionnelles quotidiennes ?
En partant du principe que les données sont l’acquisition de faits et de chiffres et que les informations incarnent l’usage actif de ces données, alors en tant que poète, j’engrange des données tout le temps : dates, heures, pourcentages de rapports, souvenirs, émissions, dictons, déclarations. Mon esprit tente en permanence d’absorber tout ce qu’il peut au sujet du monde dans lequel nous vivons, pour tenter de compiler autant de données que possible et les condenser en une information utile. Pour imaginer la métaphore, il faut d’abord observer la réalité.
Une fois, alors que j’écrivais des poèmes pour l’émission de radio de Russell Brand, j’ai comparé la futilité de la célébrité à la théorie des horizons des événements des trous noirs et aux étoiles effondrées. Ce qui fait toute la beauté de la poésie, c’est qu’elle permet de résoudre ce type d’équation esthétique.
Avez-vous toujours été passionné par les données ?
Je suis diplômé en ingénierie, donc certaines théories ne m’étaient pas étrangères, mais je ne connaissais pas grand-chose à l’industrie des données avant de commencer à travailler avec l’Open Data Institute. Lors de l’une des réceptions qu’il organise, j’ai eu une conversation passionnante avec Sir Nigel Shabolt, qui m’a offert un exemplaire de son livre, The Digital Ape, qui souligne les craintes et les méconnaissances vis-à-vis de la réalité de l’intelligence artificielle. En tant que poète, je me suis senti concerné par la plupart des concepts qu’il élucide. Pour moi, la poésie est le langage de l’âme humaine qui évolue en permanence. Si la poésie a su résister à l’avènement de la presse écrite, de la radio et de la télévision, de YouTube, des podcasts et d’Instagram, elle sera sans doute là pour accueillir toutes les évolutions technologiques qui nous attendent au tournant, quelles qu’elles soient.
En quoi l'accès aux données a-t-il modifié le regard que vous portez sur votre profession ?
Lors des divers sommets sur les données auxquels j’ai été invité à participer, j’ai appris des concepts tels que la « Ferme » et le « Champ pétrolier » , deux approches de la collecte des données. J’ai même inventé le terme « Data poet » pour décrire mon nouveau rôle. J’ai écouté les analystes de données expliquer comment la disponibilité actuelle des données leur a permis de résoudre des problèmes et de comparer des divergences, pour prendre des décisions plus éclairées au sein de leur secteur. Mais j’ai aussi constaté que les préjugés qui existaient déjà hier ont réussi à se faufiler dans notre évaluation de certaines données, qui ont simplement reproduit les préjudices du passé (et ont même été utilisées pour les valider). Je pense que nous avons besoin de plus de Data poets pour comprendre les différentes vagues de transformation qui affectent ce milieu.
Nous avons un nouveau monde plein de beauté à découvrir et explorer, et la poésie doit s’efforcer de lui donner tout son sens.
Quelles compétences utilisez-vous pour intégrer les données à votre travail ?
Mon recueil de poésie numérique Bring Me My Fire Truck visait à exploiter l’intelligence artificielle de Google Translate pour fournir plusieurs nouvelles traductions du poème de William Blake, « Jérusalem ». De nombreux mots ont été modifiés et la signification du poème s’est vue transformée. Les 23 langues principales de l’U.E. ont été utilisées pour composer le recueil. Dans l’art, les erreurs et les divergences révèlent souvent de nouvelles façons de penser et des perspectives différentes, et c’est pourquoi elles doivent être reconnues à leur juste valeur. Dans mon œuvre, l’IA est représentée sous forme d’un tableau des arrivées à l’aéroport et montre ces versions imparfaites atterrir comme des avions. Ainsi, en regardant un programme traduire de façon erronée un grand classique de la poésie anglaise, je cherche à montrer les angoisses naturelles qui naissent de la perception du libre mouvement des personnes.
En ce qui concerne le codage et la mise en page, j’ai demandé au Dr. Julie Freeman et à Stephen Wolff de concrétiser l’idée (c’est-à-dire, de transformer les données en informations poétiques).
Quelles autres compétences aimeriez-vous posséder pour optimiser votre utilisation des données ?
Je pense que j’aimerais m’immerger totalement dans les concepts et idées qui sous-tendent aujourd’hui l’univers de la technologie des données. En tant que poète, je suis convaincu que l’art est partout et je vois sincèrement une relation évidente entre le monde des données et celui de la poésie. Tous deux tentent d’utiliser les mots élémentaires qui leur ont été attribués pour créer quelque chose dont la signification dépasse largement le cadre prévu. Il s’agit d’observer des tendances, de noter des relations, de quantifier des schémas… Bref, de la poésie à l’état pur !
J’ai lu un certain nombre d’ouvrages qui m’ont été fournis par l’ODI et qui m’ont inspiré à composer quelques poèmes qui traitaient principalement de notre relation aux données ouvertes, fermées et partagées. Mais comme pour tout le reste, plus je me suis renseigné sur le sujet, plus je peux l’exprimer en termes artistiques.
À l'avenir, quel impact pensez-vous que les données exerceront sur la poésie ?
Une question épineuse ! D’un côté, je pense que la relation entre un poète et ses mots est éternelle. Les mécanismes fondamentaux qui nous incitent à fouiller dans notre pensée pour créer des œuvres d’art resteront toujours les mêmes. Mais d’un autre côté, les sujets qui influencent ces mots seront inévitablement influencés par la technologie moderne. Or, les données sont la devise du futur. La relation que nous entretenons avec les données changera le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur les autres. Et ce changement de perception aura inévitablement un impact sur les poèmes que nous écrirons. Mais quel type d’impact ? Voilà la grande inconnue.
À bientôt pour de nouvelles dataventures !
Dans un monde de plus en plus orienté vers les données, comprendre et différencier les notions de données (data), métadonnées (metadata), actif de données et data products (produits de données) est devenu indispensable pour maximiser leur potentiel. Ces concepts interdépendants, bien que distincts, jouent chacun un rôle clé dans la transformation digitale des organisations et leur capacité à faciliter le partage et la consommation de données à l’échelle.
Les silos organisationnels sont un véritable frein au partage des données et à la collaboration, augmentant les risques tout en limitant l’efficacité et l’innovation. Comment les supprimer pour favoriser une circulation fluide des données au sein de l’entreprise ?