5 Tendances Open Data en Europe
Si je vous dis « open data », vous pensez sans doute aux gouvernements, aux administrations locales ou à d'autres entités publiques. Pourtant, l’ouverture des données jouit aujourd’hui d’une popularité croissante dans le secteur privé.
Si je vous dis « open data », vous pensez sans doute aux gouvernements, aux administrations locales ou à d’autres entités publiques. Pourtant, l’ouverture des données jouit aujourd’hui d’une popularité croissante dans le secteur privé.
Au cours des 20 dernières années, de plus en plus d’entreprises ont adopté l’open innovation, un concept qui consiste à partager ses données et ses ressources avec les universités, les chercheurs et les incubateurs de start-ups en vue d’accélérer la recherche et le développement.
L’open data ouvre de nouvelles possibilités pour l’open innovation. En effet, de plus en plus d’entreprises choisissent de partager leurs données avec d’autres acteurs au sein de leur secteur, mais aussi avec le grand public. Découvrons ensemble les dernières tendances en matière d’open data dans 5 secteurs différents.
L’open data dans le secteur énergétique
La société d’électricité portugaise EDP fait figure de pionnière dans le domaine. Elle a créé un portail open data qui présente des informations opérationnelles à propos de son site de vérification de panneaux solaires, SunLab, ainsi que de l’un de ses parcs éoliens. L’objectif est d’encourager tout le monde, en particulier les étudiants, les chercheurs et les start-ups à réutiliser les données. Ces dernières peuvent leur permettre d’appuyer des articles universitaires, la création de nouveaux logiciels ou de nouvelles idées commerciales, tout en les encourageant à partager leurs travaux sur la plateforme.
EDP utilise également son portail open data pour organiser des défis. Ouvertes à tous, ces compétitions techniques offrent une somme d’argent à la clé. Lors du dernier challenge, par exemple, les participants devaient trouver un algorithme permettant d’anticiper un problème nommé la « scorie » dans les usines de chaudières thermiques. Les gagnants ont reçu 10 000 € !
L’open data dans le secteur financier
L’utilisation de l’open data dans ce secteur peut sembler surprenante. Après tout, si vous confiez votre argent aux banques, c’est parce que vous êtes sûr que vos données (et vos économies !) resteront confidentielles et en sécurité. Cependant, il existe plusieurs moyens permettant aux banques de partager des données de manière sécurisée.
Le premier est l’open banking, une tendance qui a été rendue obligatoire par la directive européenne PSD2. Ainsi, toutes les institutions proposant des comptes de paiement sont tenues de fournir des API aux prestataires de service de paiement externes. Par conséquent, les données des clients bancaires peuvent être partagées avec des tiers autorisés (comme l’application de paiement mobile Lydia), avec le consentement du client. L’open banking vous permet ainsi de conserver votre argent dans une banque traditionnelle tout en profitant des services des Fintech.
Les banques peuvent également suivre l’approche choisie par la BPCE, le premier groupe bancaire français à avoir créé un portail open data. Celui-ci regroupe plus de 57 bases de données contenant des informations à propos de la banque et de ses filiales. Quelques exemples de sujets : l’évolution des produits financiers, la diversité du personnel, l’emplacement des distributeurs de billets et de l’empreinte carbone de l’entreprise. Les informations personnelles et commerciales ne sont bien sûr pas disponibles : les données sont anonymisées et agrégées avant la publication.
L’open data dans le secteur écologique
La transition vers une économie circulaire est désormais l’une des grandes priorités du programme européen, et cela n’a pas échappé au secteur privé.
Afvalfonds Verpakkingen (Packaging Waste Fund), par exemple, est une organisation à but non lucratif qui aide les entreprises à satisfaire les objectifs nationaux en matière de recyclage. Pour cela, elle coordonne et contrôle la collecte, la réutilisation et le recyclage des déchets. Le Fond recueille aussi des informations concernant les systèmes de recyclage au niveau municipal et les recense dans un portail open data afin d’aider les groupes d’experts et les chercheurs à trouver des solutions pour optimiser leurs opérations.
InSymbio, une marketplace B2B spécialisée dans les biodéchets et les matières premières, propose également une belle initiative. Créée par l’entreprise d’ingénierie italienne Rethink dans le cadre de l’incubateur européen de données ouvertes ODINE, la plateforme permet aux entreprises de fixer le prix auquel elles souhaitent acheter ou vendre des déchets végétaux ou animaux. Elle les aide également à trouver des acteurs intéressés en fonction de leur position géographique. Par exemple, les industries agroalimentaires peuvent vendre leurs déchets de fruits à des entreprises qui les transforment en matériaux alternatifs au plastique.
L’open data dans le secteur industriel
Les entreprises industrielles ont beau avoir tardé à adopter l’open data, elles rattrapent rapidement leur retard.
Aker BP en est l’un des meilleurs exemples. Cette société d’exploration et de production norvégienne a adopté l’open data pour stimuler la numérisation dans le secteur pétrolier et gazier. Après avoir rejoint le Data Liberation Front (Front de libération des données), elle a conclu un partenariat avec Cognite, une entreprise locale de production de logiciels. Ensemble, elles ont créé Open Industrial Data, une plateforme avant-gardiste qui permet d’assurer la maintenance et de fournir des données opérationnelles en temps réel sur l’un des compresseurs d’Aker BP. La société cherche ainsi à stimuler l’innovation dans des domaines comme la maintenance prédictive et les techniques de visualisation avancées.
Open Manufacturing représente une autre initiative majeure. En effet, cet environnement Cloud permet aux grandes entreprises industrielles et chaînes d’approvisionnement de partager des composants et des données en open source afin de développer des solutions innovantes. Lancée par le fabricant de voitures allemand BMW et par Microsoft, la plateforme a récemment séduit Bosch, le fabricant de pièces détachées ZF Friedrichshafen et le brasseur belge Anheuser-Busch InBev. Ces partenaires collaborent actuellement sur des sujets de Cloud IoT et de connectivité de périphérie, ainsi qu’à la modélisation de données sémantiques.
Dans un autre registre, non moins innovant, le fabricant de tubes français Vallourec s’est également lancé dans une démarche similaire. L’année dernière, l’entreprise s’est associée à Opendatasoft pour lancer un portail open data et y mettre en avant des informations RSE axées autour de trois thèmes clés : le taux d’emploi des femmes, l’impact environnemental et les indicateurs sociaux. Depuis, le projet s’est étendu aux ensembles de données relatifs aux brevets et aux marques commerciales. En s’inscrivant dans la stratégie de numérisation de Vallourec, ce portail exprime l’engagement que l’entreprise a pris en terme de transparence.
L’open data dans le secteur agricole
Terminons avec deux exemples issus du monde de l’agriculture.
Cropti est une start-up espagnole qui s’appuie sur les données ouvertes de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) pour déterminer les cultures et parcelles les plus rentables. Depuis sa fondation dans le cadre de l’incubateur européen ODINE, elle est devenue un acteur de renom qui offre aux agriculteurs de nouvelles solutions logicielles. Par exemple ? Des tableaux de bord qui leur permettent de mieux exploiter leurs terres et de suivre leurs dépenses de près.
JoinData est à l’agriculture ce qu’Open Manufacturing est à l’industrie. Cette initiative hollandaise à but non lucratif a été lancée par 3 entreprises, avec l’aide de l’association agroalimentaire hollandaise. Grâce à cette plateforme, les agriculteurs peuvent centraliser les données fournies par leurs capteurs en un seul et même endroit. Ils peuvent aussi choisir quelles informations partager et avec quels partenaires (fournisseurs, vétérinaires, comptables, développeurs d’applications, etc.), pour renforcer leur rentabilité, leur efficacité et leur esprit d’innovation.
Ces tendances résisteront-elles au passage du temps ? Rendez-vous dans mon prochain article pour le savoir…
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