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[Replay] Aider les métiers à consommer les données : data marketplace ou data catalog ?

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Comment les données transforment-elles notre manière de prendre des décisions politiques ?

Political decision

L'accès aux données transforme la façon dont nous travaillons. Découvrez le deuxième entretien de notre série dédiée au pouvoir des données au travail. Cette fois-ci, nous avons rencontré Aura Cifuentes, directrice de l'équipe d'innovation publique du Département de développement national pour le gouvernement de Colombie.

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L’accès aux données transforme la façon dont nous travaillons. Découvrez le deuxième entretien de notre série dédiée au pouvoir des données au travail. Cette fois-ci, nous avons rencontré Aura Cifuentes, directrice de l’équipe d’innovation publique du Département de développement national pour le gouvernement de Colombie. Diplômée en Relations gouvernementales et internationales de l’université Externado de Colombie, elle a aussi décroché un Master en Affaires publiques à l’Institut des Sciences politiques de Paris (Sciences Po).

À quoi ressemblent vos activités professionnelles au quotidien ?

La mission de l’équipe d’Innovation publique est de renforcer les capacités d’expérimentation dans le secteur public et d’introduire différentes parties prenantes à des initiatives et mécanismes d’innovation publique. Pour la première fois en Colombie, la feuille de route nationale présidentielle (ou « Plan Nacional de Desarollo ») prévoit une stratégie d’innovation publique. Par conséquent, ma journée type consiste à enchaîner les réunions avec mon équipe et avec des parties prenantes externes provenant de tout le pays. La Colombie connaît un moment historique en termes d’innovation publique, ce qui requiert beaucoup de doigté et des campagnes de sensibilisation soigneuses.

Comment définiriez-vous les données ? 

Comme l’atout le plus précieux au monde. Nous avons enfin pris conscience de la vitesse à laquelle le monde évolue grâce à la technologie et du rôle que nous avons à jouer dans cette évolution. Selon moi, c’est une excellente chose, en particulier pour le secteur public. Grâce à l’open data, les gouvernements n’ont jamais été aussi transparents. La science des données nous permet de prendre de meilleures décisions. L’intelligence artificielle permet d’identifier des schémas et de créer des politiques publiques fondées sur des preuves. Grâce à toutes ces initiatives, nous avons obtenu des connaissances et une expérience inestimables. Nous savons ce qui fonctionne ou non. Les débats actuels ne concernent plus la quantité de données produites, mais le nombre de données de qualité que nous devons ouvrir. Les données nous ont permis de lancer des débats fondamentaux sur le développement de nos sociétés.

Comment intégrez-vous les données à vos activités professionnelles quotidiennes ?

Je suis une grande fan de la visualisation des données, je dois le reconnaître. Parce que notre domaine de spécialisation est l’innovation publique, nous parlons beaucoup d’expérimentation, d’itération ou de prototypage, parfois en termes très techniques. Par conséquent, nous essayons d’expliquer que l’innovation publique tente de résoudre les problèmes publics de manière innovante et pour cela, nous avons besoin de mettre en place des techniques pour mieux communiquer. Nous avons besoin d’une approche visuelle pour sensibiliser nos interlocuteurs. Or, la visualisation des données est l’outil parfait pour cela. En publiant et partageant des cartes, tableaux ou diagrammes sur nos projets d’innovation publique, nous transmettons un message percutant, qui affirme : « Regardez, vous pouvez y arriver ! Vous n’êtes pas seul. Vous pouvez innover ». Tout le travail réalisé par notre équipe est traduit par une dataviz. C’est l’un des principaux canaux de communication que nous utilisons pour toucher les citoyens. Cela nous permet aussi de prendre davantage nos responsabilités en tant qu’organisation.

Avez-vous toujours été passionnée par les données ?

Oui ! Ou du moins depuis ma première expérience professionnelle. À l’époque, je vivais à Paris. J’avais 24 ans et j’ai eu l’opportunité de travailler à Etalab, le groupe de travail créé par le Premier Ministre français pour travailler sur l’open data, les gouvernements ouverts et la science des données. Cette expérience a changé ma vie. J’ai subi un véritable lavage de cerveau… mais dans le bon sens du terme ! J’ai réalisé à quel point les données étaient importantes et j’ai appréhendé le pouvoir qu’impliquent l’ouverture et la réutilisation des données (quel que soit le secteur que vous représentez). Depuis, je ne suis pas seulement une passionnée des données, mais une véritable adepte. Tout au long de ma carrière, j’ai toujours soutenu fermement l’utilisation des données, que ce soit en tant que directrice de l’observatoire national de transparence et de lutte contre la corruption de Colombie, consultante ou chargée du développement de villes intelligentes au sein de la multinationale Gfi Informatique.

En quoi l'accès aux données a-t-il modifié le regard que vous portez sur votre profession ?

J’ai toujours eu envie de travailler au contact des gens et au service de mon pays. Pour moi, le secteur public était donc une évidence et c’est pourquoi j’ai décidé d’étudier les affaires publiques et les relations internationales. Cependant, à l’époque, je n’aurais jamais imaginé travailler aussi étroitement avec la technologie.  J’avais une idée très subjective de ce que je deviendrais et je pensais que mon métier me mènerait vers des projets plus communautaires. Comme les données me l’ont prouvé, j’avais tort. L’accès aux données m’a appris que promouvoir ces stratégies peut avoir un impact réel sur la vie des gens. Parfois, mettre en place des politiques publiques fondées sur les données est plus efficace que travailler dans les rues avec les communautés (ce qui ne veut pas dire que l’un est plus important que l’autre). Malgré tout, il est vrai que l’accès aux données touche, d’une certaine façon, à certains des droits fondamentaux de l’homme.

Quelles compétences utilisez-vous pour intégrer les données à votre travail ?

En tant que directrice, je m’efforce avant tout de renforcer mes aptitudes en leadership et en communication, deux compétences essentielles pour intégrer les données à mon travail. Tout d’abord, j’ai travaillé dur pour former des équipes pluridisciplinaires en accordant autant d’importance au talent qu’au parcours professionnel. J’ai donc embauché des personnes qui avaient une expérience pratique des données, par exemple dans le nettoyage, l’exploration et la structuration des bases de données, ainsi que la réutilisation, la comparaison et l’analyse des données. J’ai la chance d’avoir des data scientists dans mon équipe. C’est un profil très recherché, qui est généralement peu attiré par le secteur public.

Ensuite, je me suis beaucoup intéressée au renforcement des capacités de narration. Dans le secteur public, nous sommes très doués pour informer, mais beaucoup moins pour communiquer. Le storytelling est essentiel et pour y parvenir, il faut pouvoir compter sur des données de qualité. Seules des données fiables permettent de raconter de meilleures histoires.

À l'avenir, quel type d'impact pensez-vous que les données auront sur l'innovation au niveau gouvernemental et les politiques publiques ?

Sans les données, l’innovation est impossible. Je pense que la situation actuelle montre bien à quel point nous avons besoin d’équipes motivées et intéressées par les données pour construire un avenir durable. Dans mon domaine, c’est une réalité que je constate tous les jours. Les projets d’innovation publique requièrent des données évolutives et mesurables. Sans données, nous n’avons aucun indicateur de mesure et sans indicateurs de mesure, l’innovation n’est rien d’autre qu’un écran de fumée. Pour soutenir l’approche expérimentale, il faut mettre en place des stratégies de gestion des connaissances robustes et (surprise !) celles-ci reposent également sur les données. C’est pourquoi il est si important que les politiques publiques adoptent des systèmes d’information interopérables et des structures moins rigides qui permettent de partager les leçons tirées. Grâce à ces deux éléments, nous sommes idéalement placés pour adopter des politiques fondées sur des preuves et axées sur les besoins des utilisateurs.

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