Contribution & Éditorialisation : les enjeux data de Grand Paris Sud
Le portail open data de Grand Paris Sud a récemment été repensé afin de répondre à deux grands objectifs : attirer la contribution numérique des citoyens et éditorialiser les données du territoire. Pari réussi ?
Lorsque l’on parle d’open data, on évoque souvent les questions de transparence, d’agrégation et de réutilisation des données. Lorsqu’un collègue CSM (Customer Success Manager) m’a proposé d’écrire un article à propos de l’histoire du portail de Grand Paris Sud, je m’attendais donc à faire un focus sur ces sujets importants. Ce que je ne savais pas encore, c’est que l’équipe de Grand Paris Sud mettait le curseur sur un aspect nouveau pour moi : la contribution des citoyens via l’open data. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse plonger dans l’article…
Une mise en place solidaire et transversale
Le portail open data de Grand Paris Sud (GPS) a vu le jour en 2018, dans le but de mettre l’agglomération en conformité avec la loi Lemaire. Le projet a permis à GPS de travailler main dans la main avec les communes qui la composent et de casser les silos entre les différents territoires, les services et les strates. “Le portail nous a amené une certaine transversalité”, explique Frédéric Chaillan, Directeur de l’Aménagement Numérique de Grand Paris Sud. “Suite à sa conception, nous avons continué à fédérer les communes et les services autour du bien commun. Le but était de trouver ensemble des moyens de créer des services à partir de nos données.”
L’émergence de nouvelles initiatives créées à partir de l’open data est l’une des priorités de Michel Bisson, président de l’agglomération. “Les initiatives ne peuvent éclore que si les citoyens comprennent les atouts du territoire et le sens donné à l’action publique. Il est donc nécessaire de partager nos données afin que chacun soit bien informé et puisse s’embarquer dans l’aventure.”
La prise de conscience
Frédéric a rapidement réalisé que ce projet open data avait un grand potentiel et qu’il était possible de l’amener plus loin. “C’est bien de mettre de la donnée à disposition de la population mais il faut aussi qu’elle puisse s’en emparer et s’en servir.”
L’équipe GPS a été confrontée à cette réalité du “terrain” lorsqu’un apiculteur l’a questionnée au sujet du jeu de données qui recense les arbres du territoire. “Il souhaitait connaître des informations que nous n’avions pas à disposition. Cet homme nous a fait prendre conscience qu’au-delà de la donnée publique, il fallait absolument que nous puissions nous appuyer sur la contribution citoyenne.” En effet, les particuliers et leurs données privées peuvent enrichir ce type de jeu de données et aider, entre autres, notre apiculteur. D’autre part, l’éleveur d’abeilles est la preuve vivante que le partage de données peut servir à tout un chacun.
Une équipe de choc
Frédéric et les équipes Opendatasoft se sont donc mis à la recherche d’une solution qui pourrait à la fois attirer la contribution des citoyens et éditorialiser les données brutes du portail. Pour ce faire, ils ont misé sur la co-création. Hacène Cherfi a rejoint les équipes de GPS au poste de Chargé de Mission Open Data. Notre équipe CSM a de son côté proposé d’inclure Romain Beaudon de l’agence Umami Workshop à la discussion. Le groupe de travail était formé !
Objectif #1 : Favoriser la contribution des citoyens
Selon Michel Bisson, “si l’on veut bâtir des politiques publiques efficientes, il est nécessaire de les confronter sans arrêt aux usagers, qui sont eux-mêmes des experts de la chose publique. Les inclure au processus grâce aux outils numériques est l’un des principaux leviers d’une démocratie réussie.”
“Celui qui connaît le mieux son territoire est celui qui y vit.”, ajoute Hacène. Mais attirer les citoyens sur un portail open data public n’est pas chose aisée. “Le citoyen observe une plus forte réserve à partager des données avec la puissance publique qu’avec les GAFAM ”, constate Frédéric. “Nous pensons que la donne change lorsqu’il y contribue.. Dans ce contexte, il peut y trouver un véritable intérêt et s’ouvrir à ce que la collectivité lui propose.”
“Nous devions trouver le moyen de mettre en place une solution d’interaction qui soit à la fois simple, innovante, et interfaçable avec la plateforme ODS” , poursuit Hacène. La solution ? Repenser le portail open data existant avec l’aide d’Umami Workshop. “Umami est une agence qui aide les clients ODS à tirer profit de leur portail au maximum et à valoriser leurs données à l’aide du design”, explique Romain, cofondateur de l’agence. “Notre travail permet de rendre les portails ODS encore plus accessibles et intuitifs.”
Le groupe de travail a donc planché sur la création d’un nouveau design et d’un parcours utilisateur intuitif. Restait à savoir quelle forme allait prendre l’appel à contributions. Après quelques réflexions, la fine équipe a décidé de mettre en place un formulaire de contact. Simple, efficace et très humain. “Les “experts” pouvaient déjà contribuer par le biais Openstreetmap”, explique Romain. “Le formulaire permet de s’adresser à tous les autres.”
“OSM est un fabuleux outil et nous en faisons bon usage”, ajoute Frédéric, “il nous manquait juste un moyen de nous adresser à tous types de publics.”
Le jeu de données pour lequel l’équipe de Grand Paris Sud nourrit le plus d’attentes en terme de contributions est celui qui met en avant l’Artisanat et l’Alimentation locale. Ce dernier est le fruit d’un savant mélange de données provenant de l’agglomération, des apports issus d’Openstreetmap et… des futures contributions issues du formulaire. “Ce jeu de données, qui met la production locale en lumière, est plus que jamais d’actualité. Nous espérons que tout le monde va s’en emparer”, exprime Hacène. “Nous en faisons la promotion par le biais de flyers distribués par les communes et via des stickers “consommer local” affichés sur les vitrines des commerces.” Une belle rencontre entre la sphère virtuelle et le monde “réel”.
Objectif #2 : Éditorialiser les données brutes
Bien que les plateformes de partage de données parlent toujours aux experts, le grand public a parfois du mal à se les approprier. Or, si l’agglomération veut attirer les contributions et susciter de nouveaux services, elle doit s’appuyer sur un portail clair, intuitif et attirant. “Nous nous sommes lancé le défi de rendre la donnée plus accessible,” explique Hacène, “de donner du sens aux données brutes de notre portail, de les éditorialiser.”
“Nous avions déjà commencé cette éditorialisation mais c’est Umami qui a mis le coup de baguette magique dont nous avions besoin pour passer au niveau supérieur” se souvient Frédéric. Une chose est sûre : la magie a bel et bien opéré. Grand Paris Sud a misé sur les visualisations, les tableaux de bord, les cartes, les illustrations… La navigation est agréable et les informations clés ressortent clairement.
“La refonte du portail de Grand Paris Sud illustre exactement ce en quoi nous croyons : positionner la donnée comme une matière vivante, axée sur l’usage”, ajoute Romain. Le résultat ? Un portail qui ressemble aux sites que les utilisateurs ont l’habitude de visiter.
La page qui illustre le mieux cette éditorialisation des données est sans aucun doute celle des indicateurs GPS. Ces derniers permettent de synthétiser des jeux de données liés au projet de territoire de l’agglomération en un clin d’oeil. “Les indicateurs donnent de la valeur aux informations”, selon Monsieur Bisson. Et ce n’est pas leur seule vertu. Cette page représente également l’occasion pour les élus de s’approprier les enjeux de la donnée. “Grâce aux indicateurs, ils peuvent aller au-delà des discours et montrer que leurs programmes politiques s’appuient sur des données concrètes”, explique Frédéric. De leur côté, les citoyens ont l’opportunité de surveiller ces données et d’être témoins de leur évolution.
Perspectives & Crise
Le groupe de travail ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. “Nous avons pour projet d’améliorer encore et toujours l’aspect contributif de notre plateforme. La prochaine étape sera de nous servir de nos données – enrichies par celles les futures contributions – afin de construire des services à destination du territoire.”
Ces ambitions seront sûrement un peu retardées par la crise. Cette période a mis en lumière d’autres thématiques. Frédéric explique : “Ces dernières semaines nous ont prouvé que l’open data permet de créer des ponts rapides en cas de crise. Les entreprises qui ont su le mieux répondre à la situation sont les structures capables de se réinventer grâce au numérique. Les collectivités territoriales vont devoir suivre le mouvement et transformer leurs outils afin de s’adapter à ce type d’événements. C’est une véritable transition sociétale, qui va s’inscrire sur la durée.”
Monsieur Bisson rejoint cette position. “Nous avons pour ambition de construire une agglomération la plus résiliente possible. L’open data est un outil qui nous permet de créer un écosystème qui renforce cette notion de résilience. En effet, au plus notre portail va prendre d’importance, au plus le réseau qui l’entoure va se consolider. C’est la force de ce réseau et le dialogue permanent qui l’accompagne qui nous permettront de réagir rapidement en cas de crise. Il ne faut pas laisser le soufflé retomber et oublier les conclusions que l’on peut tirer de cette expérience.”
En tous cas, l’équipe de Grand Paris Sud semblent être particulièrement bien lancés dans cette transition sociétale. Notre conversation fût passionnante, et je leur souhaite de recevoir une multitude de contributions sur leur portail… À vos formulaires, et à bientôt pour de nouvelles dataventures !
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