L’histoire d’Infrabel : Repenser le partage d’information avec l’open data
Aujourd'hui, nous avons décidé de mettre l’un de nos clients belges à l’honneur : Infrabel, gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire du plat pays. Les missions d’Infrabel ? Développer et entretenir le réseau, ainsi que coordonner le trafic ferroviaire.
Aujourd’hui, nous avons décidé de mettre l’un de nos clients belges à l’honneur : Infrabel, gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire du plat pays. Les missions d’Infrabel ? Développer et entretenir le réseau, ainsi que coordonner le trafic ferroviaire.
Séverine Degueldre, Information Officer de l’entreprise, s’est prêtée au jeu de l’interview et a répondu à nos questions avec enthousiasme. Le témoignage de Séverine en intéressera plus d’un, quelques semaines après l’adoption de la LOM en France. En route !
(Au passage : saviez-vous que Séverine était présente lors de notre événement Data on Board ? Découvrez notre page dédiée à cet événement 100% data par ici)
Commençons par vous présenter à nos lecteurs. Quel est votre parcours ?
Bonjour ! J’ai suivi des études de bibliothécaire documentaliste au cours desquelles j’ai déjà été sensibilisée à l’informatique (le métier de bibliothécaire a bien changé ces dernières années !). J’ai poursuivi avec un Master en Sciences et Technologies de l’Information et de la Communication, et mon sujet de mémoire a porté sur… : « L’open data des catalogues de bibliothèques ».
Entre l’open data et vous, c’est une véritable histoire d’amour ?
En effet ! J’ai ensuite été embauchée chez Infrabel il y a 6 ans en tant que documentaliste au sein du Centre de Documentation de l’entreprise. C’est mon équipe qui gère la bibliothèque digitale, la documentation externe et interne, la veille médiatique et, depuis un peu plus d’un an, … le projet open data. Nous récoltons les données auprès des différentes sources avant de les transformer en jeux de données prêts à être publiés.
La création de votre portail a-t-elle occasionné beaucoup de changements au sein de votre service ?
Oui, tout à fait ! Nous sommes passés d’un public interne à un public mixte. Notre projet open data nous a poussé à nous tourner vers l’extérieur pour la première fois.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre métier ?
Le fait qu’il soit si varié ! Les informations que je traite proviennent de sources très diverses, internes et externes. J’aime aussi faciliter l’accès à l’information, aider les gens en leur donnant accès aux éléments dont ils ont besoin ou en leur permettant de mener leurs recherches eux-mêmes et à devenir autonomes.
La Loi d’orientation des mobilités vient d’être adoptée en France. Existe-t-il une législation similaire en Belgique ?
Oui, suite à la Directive européenne sur la réutilisation des informations du secteur public, la Belgique a adopté l’Arrêté royal du 2 juin 2019, qui traite de la réutilisation des informations des services publics. Cette réglementation s’inscrit dans un véritable mouvement de digitalisation et de simplification de l’administration belge.
Vous avez donc décidé de lancer votre démarche de partage de données avant que la loi ne soit effective dans votre pays ?
Tout à fait ! Nous avons souhaité avoir une longueur d’avance afin de faire les choses bien. Nous avions déjà publié des documents sur notre site mais nous avons senti qu’il était temps de structurer le partage de nos données. D’autant plus que cela faisait un moment que les navetteurs (= voyageurs en belge ☺) et les médias étaient en demande à ce propos, avec une attention particulière portée sur les données de ponctualité.
Comment avez-vous procédé pour préparer l’ouverture de votre portail ?
Nous avons commencé par récolter un maximum de données au sein de l’entreprise afin d’établir une cartographie de l’ensemble des informations que nous avions à disposition. Cette cartographie s’apparente à une sorte de grande « wishlist » open data, qui est toujours d’actualité car nous avons encore beaucoup de jeux de données à publier dans le futur !
Quel public avez-vous visé en préparant votre portail ?
Étant donné que nous ne savions pas exactement qui allait se servir de nos données, notre but a été de toucher un public le plus large possible, de rendre l’usage de la plateforme adapté à tous les niveaux de compétences IT. Nous avons associé nos jeux de données à des descriptions très claires et faciles d’accès : un véritable challenge lorsqu’on sait que la plupart de nos informations sont issues de services très techniques.
Le portail s’adresse bien sûr également à des profils plus spécialisés et technophiles : c’est là qu’interviennent, entre autres, les API.
Au moment de l’ouverture du portail, nous avons invité de nombreux acteurs de différents horizons pour un Hackaton centré sur les données de ponctualité. C’était très intéressant d’échanger avec des publics si variés à propos d’une problématique qui touche tout le monde.
Avez-vous l’impression que ce nouveau mode de partage de données a eu un impact sur les employés d’Infrabel ?
Oui, la prise de conscience des données a beaucoup évolué en interne. Alors que certaines équipes y étaient confrontées depuis longtemps, d’autres les ont découvertes grâce à notre portail. Nos collaborateurs nous font même des retours sur la qualité des données et nous aident à les faire évoluer.
Y a-t-il des jeux de données qui vous interpellent plus que d’autres ?
J’adore travailler sur des sujets de géolocalisation. C’est quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant et qui est facilité par Opendatasoft. Par exemple, des jeux de données sont disponibles avec visualisation : les passages à niveau et les segments de voies.
Liste et position géographique des voies principales, (c) Infrabel Open Data.
Quels sont les effets positifs que vous avez pu remarquer suite à l’ouverture de votre portail ?
Il nous a avant tout poussé à faire un gros effort de transparence. Le portail nous a également permis de devenir le point de contact identifié « data » d’Infrabel. Mon équipe travaille de plus en plus main dans la main avec le service Communication, par exemple.
Notre plateforme nous a aussi permis de mettre en place un dialogue très constructif avec le public externe. Nous avions peur que nos données suscitent des critiques mais il n’en est rien ; nous sommes dans une relation saine de questions / réponses avec nos interlocuteurs. Ils sont heureux d’avoir la possibilité d’échanger avec les personnes qui produisent l’information et nos métiers sont valorisés par leurs questions.
Un autre grand point positif du portail est qu’il permet à ces différents acteurs de trouver les informations qu’ils recherchent par eux-mêmes. J’apparente un peu un portail open data à du self-service ! De cette manière, les questions qui nous sont posées sont très claires car elles résultent de recherches menées au préalable.
Qui sont ces interlocuteurs et par quel biais vous contactent-ils ?
Nous recevons de plus en plus de demandes des employés de la SNCB (La Société nationale des chemins de fer belges), mais aussi de start-ups, de chercheurs d’universités, de membres du réseau Open Knowledge ou encore d’instituts statistiques. Ils nous contactent surtout par e-mail, et parfois via les réseaux sociaux.
Quels sont vos projets à venir ?
Nous avons beaucoup de projets sur le feu, dont la publication de données relatives à la sécurité du réseau (la vitesse des trains, le respect des signalisations…). Nous allons peu à peu nous pencher sur des sujets de plus en plus précis. L’open data est un outil qui s’avère extrêmement utile pour traiter des sujets complexes.
Je suis certaine que d’autres projets verront bientôt le jour. Plus la masse de données augmente, plus nous pouvons croiser les informations et les rapprocher. Nous apprenons beaucoup, c’est super !
En conclusion, l’ouverture du portail open data d’Infrabel a permis de :
- Réunir les informations de l’entreprise sur une plateforme unique, intuitive et accessible à tous.
- Répondre aux attentes open data émanant de la législation belge mais aussi du grand public.
- Valoriser le métier de Séverine en positionnant son équipe au centre des problématiques liées aux données, tant vis-à-vis de l’extérieur que de l’intérieur de l’entreprise.
Selon Séverine, « Tout le monde doit se former aux données, c’est une véritable tendance sociétale ». Terminons cet article sur ces paroles très sages. À bientôt pour de nouvelles dataventures !
Vous désirez en lire davantage à propos de l’open data dans le secteur de la mobilité ? Découvrez notre entretien avec l’équipe de transport.data.gouv.fr par-ici: « le but final du Point d’Accès National est de remplir les bus« .