Les collectivités au coeur de la transition numérique
C’est en valorisant une démarche d’ouverture des données que la collectivité peut adresser les challenges de la transformation numérique. Une dynamique de partage garantit davantage de transparence, de démocratie et encourage l’innovation.
C’est en valorisant une démarche d’ouverture des données que la collectivité peut adresser les challenges de la transformation numérique. Une dynamique de partage garantit davantage de transparence, de démocratie et encourage l’innovation.
Améliorer les services urbains grâce aux données
Avec une organisation complexe, une croissance continue de la population et les nouveaux besoins des citoyens, les données sur les collectivités apparaissent comme une matière première nouvelle et essentielle pour comprendre ce qui se passe concrètement sur le terrain. En partageant les données, la collectivité peut prendre plus rapidement des décisions et s’adapter pour améliorer la mobilité, l’habitat des usagers et mettre à leur disposition des services toujours plus performants. Par exemple, grâce au partage de données bancaires de la BCPE concernant les paiements de proximité des visiteurs étrangers par départements, il est devenu possible d’avoir un aperçu général des dépenses et d’identifier les zones d’affluence, proposer de nouveaux services et réaménager intelligemment le territoire.
De façon générale, les citoyens et les entreprises attendent aujourd’hui davantage de transparence sur les projets menés par la ville et financés par les impôts. En s’appuyant sur la donnée, les collectivités contribuent ainsi au fonctionnement démocratique des politiques publiques. Les rapports, les avis et les comptes rendus ne suffisent plus. Il devient important de diffuser du contenu accessible à tous, facile à réutiliser tout en assurant une confidentialité des données personnelles. La Ville de Paris a par exemple ouvert un tableau de bord complet des actions menées durant le mandat, et communique ainsi une information intelligible pour le plus grand nombre.
En associant de la sorte les citoyens à la mise en place des politiques publiques, les collectivités pourront proposer des services correspondant réellement à leurs attentes. La donnée permet, par ailleurs, de mesurer et d’évaluer l’efficacité des services existants et de réagir rapidement pour améliorer l’espace public. En interne également, la collectivité n’est pas en reste du bénéfice du partage de données. Le travail collaboratif entre les services améliore également l’efficacité de la collectivité elle-même. En effet, cette dernière reste souvent la première bénéficiaire des avantages offerts par une démarche d’ouverture des données.
Contribuer à l’innovation
Bien que de nombreuses villes possèdent de grands volumes de données, ces dernières restent insuffisamment exploitées. Par exemple, des données générées par un capteur d’air restent souvent mises de côté. Or, si ces informations étaient partagées en temps réel, cela donnerait les moyens de les interpréter, de les croiser avec d’autres données et faire intervenir des chercheurs et experts en contribuant ainsi à l’innovation. C’est le cas de la métropole de Lille qui, en partenariat avec Waze, échange ses données municipales sur les travaux de la voirie contre les informations sur le trafic en temps réel.
La multiplication d’acteurs privés tels que Waze, Uber ou encore Airbnb a un impact considérable sur les politiques municipales en matière de transport ou de logement qui ne peut être ignoré. Sans accès à la donnée, il est très difficile pour la ville de savoir ce qu’il se passe concrètement sur le terrain et donc d’agir en conséquence. Par exemple, face à la jungle des trottinettes, la ville de Paris a pu réguler leur circulation grâce à la data en attendant les avancées législatives. Un autre exemple concerne les villes de Namur ou Liège en Belgique qui ont mis dans leur base de données ouvertes une carte thermographique qui donne accès au potentiel d’énergie qu’il est possible de produire grâce aux panneaux solaires. Au-delà de la ville qui peut utiliser ces informations pour promouvoir l’énergie non carbonée, ces données représentent une ressource essentielle pour d’autres acteurs innovants.
Anticiper pour fabriquer les données
Le numérique ne doit plus être une simple option. Les collectivités doivent prendre conscience de la nécessité d’être plus réactives et de passer du « service public » aux « services aux publics ». Si les collectivités n’adoptent pas une logique de création de données, elles risquent de passer à côté de nombreuses opportunités. Par exemple, opter pour une benne à déchets recyclés connectée permettrait de collecter de nombreuses données pour améliorer le service de ramassage des ordures et fluidifier le trafic.
L’adoption d’une approche intelligente et innovante basée sur la personnalisation des services conduit à repenser la relation avec les partenaires mais aussi le fonctionnement de la ville. Le territoire étant un agrégat de services, il subit les mêmes défauts que les entreprises : fonctionnement en silos, manque de communication. Faire circuler la donnée crée du lien en offrant des services personnalisés grâce à une connaissance affinée des utilisateurs. La ville dépasse le simple rôle de spectatrice et peut agir sans attendre des décisions nationales afin de s’adapter rapidement aux perpétuelles mutations qu’implique le numérique.
Lever le frein psychologique de l’ouverture des données
La peur de se faire voler les données par les grands groupes est en réalité un leurre. Partager la donnée génère au contraire de l’attractivité. Chaque ville, avec sa spécificité, peut valoriser son patrimoine. En créant un terrain propice à l’innovation et l’expérimentation, l’ouverture des données encourage le local. Par exemple, l’entreprise ENEDIS a noué un partenariat avec l’école SUPELEC permettant ainsi aux étudiants de travailler avec des données de consommation d’électricité de leur propre territoire. L’ouverture des données encourage ainsi les développements innovants dans un cadre local.
Il est certain qu’ouvrir les données constitue pour un élu le risque d’être challengé par divers experts. Mais n’est-ce pas également l’occasion de créer un dialogue éclairé, démocratique et de changer sa façon de faire la politique ? La donnée devient ainsi l’élément de base de toute action et décision politique avec une approche pragmatique : la récupérer, l’organiser et la rendre accessible au plus grand nombre.
Se doter d’une plateforme efficace
Les collectivités sont très longtemps restées emprisonnées dans un fonctionnement cloisonné. Les grands volumes de données collectées sur les citoyens, le transport, l’énergie ou le logement restaient inaccessibles ou au mieux partagées dans un format technique empêchant leur exploitation. Mais face à une prise de conscience générale, de plus en plus de collectivités centralisent l’accès de leurs données sur une plateforme. Afin de mettre fin aux silos de données inexploitées et les ouvrir à un public hétérogène d’utilisateurs, les initiatives de mises en place d’une plateforme se multiplient. L’avantage est la possibilité de démarrer rapidement sans avoir besoin de connaissances techniques particulières. Les données existantes peuvent ainsi être extraites, interprétées et réutilisées. Porteuses d’une grande valeur économique et sociale, les données accessibles à tous sur une plateforme étendent les savoirs et favorisent la modernisation de l’action publique.
La révolution numérique dessine un nouveau rôle pour les villes. Plus que jamais, elles doivent redevenir actrices en saisissant les opportunités du numérique. En ouvrant ses données, la ville s’ouvre au dialogue avec ses usagers en acceptant de travailler main dans la main avec les utilisateurs, les experts, les entreprises et tous les acteurs de l’innovation. Partager ses données crée des opportunités pour de nouveaux projets, mais aussi plus largement ouvre les mentalités et constitue un formidable levier de développement et d’innovation.
Les agents opérant au service des villes et des municipalités doivent bénéficier d’un accès facilité et sécurisé à des données fiables afin d’être plus efficaces dans leurs missions quotidiennes et de prendre de meilleures décisions pour améliorer la vie des résidents et créer de nouveaux services innovants. Découvrez comment les portails internes ou espaces de données répondent à ces objectifs.
Les collectivités territoriales ont déployé de nombreux efforts pour partager leurs données en open data et répondre aux différentes obligations réglementaires. Mais qu’en est-il de l’exploitation des données en interne ? Les territoires proposent-ils des solutions et services basés sur les données aux agents, élus, administrations et partenaires ?