L’importance des données vélo de qualité dans la prise de décision des villes
Eco-Compteur et la Ville de Paris nous partagent l'importance d'avoir des données vélo de qualité dans les prises de décision liées aux aménagements de la ville !
En ce début d’année 2021, la situation sanitaire ne nous permet pas de reprendre la voie des événements physiques et des salons.
Qu’à cela ne tienne, cela ne nous empêche pas de participer à quelques incontournables du secteur comme Autonomy Digital. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce salon est le rendez-vous annuel dédié à l’innovation au service des déplacements urbains.
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Opendatasoft accompagne depuis des années de nombreuses villes et opérateurs de services dans leur partage de données afin d’améliorer la qualité de service et de vie des citoyens et des usagers.
Pour partager notre expérience sur le sujet, nous avons eu le plaisir d’animer une interview croisée de Véronique Watelle – Export Sales Manager chez Eco Compteur et Patrick Pigache – Chef de projets Démarche data & open data à la Ville de Paris. Nous avons abordé le sujet de la collecte, de la publication et de l’analyse des données de comptage vélo et de leur impact sur les politiques publiques.
Pour en savoir plus, continuez votre lecture ou cliquez ICI pour découvrir le replay de cette intervention.
Du comptage manuel au comptage automatique pour accompagner l'urbanisme tactique
Pour commencer notre échange, nous avons demandé à nos intervenants de revenir sur la genèse du projet de comptage vélo dans la ville de Paris.
Véronique nous a expliqué que la Ville de Paris a commencé à compter les vélos à partir de 1997, mais que les comptages étaient alors réalisés de manière manuelle.
Le premier relevé automatique a été réalisé en 2012, suite à la mise en place de capteurs Eco-Compteur. Véronique nous précise que les compteurs “comptent les vélos en permanence, grâce à un système de boucles électromagnétiques installées dans l’asphalte ou le sol”.
Aujourd’hui, la ville compte une petite centaine de compteurs dont 5 qui affichent les chiffres de comptage en temps réel grâce à des afficheurs.
Pour en savoir plus sur la collaboration, Eco Compteur et Ville de Paris, je vous invite à lire leur histoire client.
Grâce à l’API Eco-Visio d’Eco-Compteur, la publication des données en open data a été automatisée en décembre 2019 avec la création d’un connecteur Eco-Compteur x Opendatasoft, désormais accessible pour l’ensemble des clients, permettant le chargement quotidien des données de comptage. L’objectif était, entre autres, d’objectiver en toute transparence la croissance de l’usage du vélo en ville et l’impact des nouveaux aménagements cyclables sur le trafic. Enfin, pour rendre ces données toujours plus accessibles, la Ville a déployé un tableau de bord, qui, nous précise Patrick, “rencontre un franc succès aussi bien en interne qu’en externe. Un grand nombre de ré-utilisateurs ont également créé leur propre page en exploitant l’API de la plateforme Paris Data. »
Véronique nous confirme que le ville de Paris a été un exemple dans la rapidité de développement de son plan vélo.
Eco-Compteur étant présent dans 54 pays et réalisant un index mondial de la fréquentation vélo pays par pays, elle confirme l’importance de mesurer les flux. Elle rappelle très justement que :
“Ce n’est pas parce que des infrastructures cyclables existent que les gens les empruntent; et inversement, ce n’est pas parce-qu’il n’y a pas de pistes cyclables que les gens n’utilisent pas leur vélo.“
C’est d’autant plus important dans le contexte actuel où des événements accélèrent le développement d’infrastructures pour suivre le rythme de la demande.
Que ce soient lors des grèves de transport de l’hiver 2019/2020 ou de la crise Covid, la Ville de Paris a déployé des aménagements provisoires sur l’espace public en faveur des mobilités actives. Patrick nous précise que ces aménagements sont ce que l’on appelle “l’urbanisme tactique qui vise à concerter, co-construire, tester des aménagements comme les élargissements de trottoirs, terrasses éphémères, parking relais, aménagements cyclables etc…”
Les compteurs provisoires et la publication en Open data fournissent un outil d’aide à la décision pour les élus de la Direction de la Voirie et des Déplacements afin de mesurer la pertinence des aménagements.
Une donnée vélo de qualité : les bonnes pratiques de sa collecte à son partage
La mesure des données d’infrastructures cyclables est souvent réalisée dans le but de répondre à plusieurs questions : combien de personnes se déplacent, où et quand ?
Pour répondre à la question de “combien de personnes”, Véronique nous partage ses bonnes pratiques :
“Pour mesurer, il faut compter. Pour cela, nous proposons des capteurs qui permettent de compter automatiquement les piétons et cyclistes de façon précise. Il faut ensuite bien choisir les sites de comptage et mettre en place un maillage de capteurs en cohérence avec son territoire et les zones d’intérêt. Choisir là où l’on veut compter.”
Dans l’exemple de la Ville de Paris, l’évolution du maillage des compteurs est en corrélation avec les besoins de collecte de données de la ville : “la période des grandes grèves, les alternances de confinements – déconfinements ont déclenché une frénésie autour de la donnée aussi bien en externe qu’en interne” nous raconte Patrick.
Cela a accéléré le besoin d’obtenir des données rafraîchies quotidiennement pour réaliser l’élaboration des tableaux de bord de suivi des données comptages.
En effet, les comptages automatiques permettent de faire ressortir de nouvelles tendances et les bénéfices sont visibles dans le temps. Le comptage à court terme permet d’avoir une vision sur les heures de pointe, les jours et les zones de forte affluence. Sur le long terme, il permet d’identifier des tendances, des saisonnalités ou d’analyser des variations annuelles.
Concernant le partage de ces données, Véronique et Patrick ont exprimé deux visions complémentaires sur ce sujet.
Chez Eco-Compteur, “l’équipe de Data Analyst & Data Scientist accompagne les clients dans ce travail de la donnée, nécessaire pour garantir une qualité des jeux de données et surtout une bonne interprétation des chiffres”. Véronique ajoute que pour qu’une donnée soit utilisée de manière éclairée, il faut qu’elle soit au préalable validée, nettoyée et parfois reconstruite par des méthodes d’extrapolation. Cela permet de pallier les anomalies (liées à des travaux par exemple).
Patrick complète cette vision très en ligne avec les attentes des métiers, en insistant sur l’importance de l’ouverture de la donnée brute non retravaillée, et cela dans un objectif de complète transparence avec les citoyens.
Globalement, nos deux intervenants s’accordent à dire que les villes ont besoin de mesurer, comprendre et analyser les informations liées aux vélos pour prendre des décisions sur la base de données neutres.
L'open data, une brique essentielle dans les prises de décision des villes
Lorsqu’on demande à Patrick, en quoi le partage des données vélo en open data a pu impacter les prises de décisions de la ville, il nous cite deux exemples édifiants.
Le premier nous ramène au contexte des grèves de 2019/2020 et de la saturation de l’axe vélo du Boulevard Sébastopol, nouvellement créé. Lors de ses échanges avec la mission vélo, ses interlocuteurs se rendaient compte que les chiffres atteints étaient ceux projetés sur 10/15 ans plus tard en termes d’aménagements. Patrick ajoute “Toute cette donnée permet d’objectiver une saturation de certains carrefours et permet de refondre complètement les objectifs du nouveau plan vélo. Les données mises à disposition font clairement réfléchir tout le monde pour le futur plan vélo”.
Même constat plus récent pour les coronapistes déployées de manière temporaires durant la crise sanitaire pour éviter la fréquentation des transports en commun. Le but du comptage des vélos est donc d’objectiver la pertinence de l’urbanisme tactique et de décider grâce à des chiffres objectifs si il est essentiel de les pérenniser ou non. Patrick conclut
“la libération d’une donnée de masse c’est un outil d’aide à la décision pour les élus, pour la direction métier et pour mesurer la pertinence de ces nouveaux aménagements”
Afin d’illustrer ces propos, il nous a proposé de découvrir le portail Open Data de la Ville de Paris et les jeux de données dédiés à la visualisation des chiffres de comptage vélos.
En personnalisant les filtres vous pourrez découvrir des informations sur les affluences, les conséquences des confinements …. Et si cela vous intéresse, n’hésitez pas à vous rendre également sur le site de l’Association Paris en Selle, qui reprend ces données et donne un classement des compteurs et des tronçons enregistrant les plus grandes affluences.
Pour compléter l’exemple donné par Patrick, Véronique nous a partagé des exemples du Havre ou de Rennes et des aménagements vélos réalisés. Ils ont par exemple mis en place des carrefours à la Hollandaise provisoires. Véronique nous précise “Le principe de ces carrefours consiste à la mise en place d’îlots de protection, qui vont réduire la voie de circulation réservée aux automobilistes et ainsi réduire leur vitesse et sécuriser les cyclistes.”
Afin de mesurer l’impact de ces aménagements temporaires, ils ont été testés avec des compteurs provisoires. Compte tenu de l’efficacité de ces carrefours, ils ont été pérennisés tout comme les compteurs qui vont permettre de suivre l’évolution du trafic sur le long terme.
Véronique nous offre une conclusion très à propos : “Finalement, quel que soit le niveau de maturité, le point commun entre toutes ces villes, c’est qu’elles s’équipent de compteurs pour mesurer le trafic vélo, d’outils d’analyse des flux et de partage des données, et qu’elles souhaitent des données fiables et de qualité.”
Si vous souhaitez en savoir plus sur à quoi ressembleront nos systèmes de transport dans 10 ans, je vous invite à lire cet article.
Et pour tous ceux qui veulent revivre cette prise de parole, visionnez le replay !
Interview de Claire Prost-Romand, Cheffe de Produits Data Services chez SFR et de Gabriel Dos Santos, Chef du Centre Usages, Valorisation et Diffusion de Bordeaux Métropole, sur les questions d’interopérabilité des données au sein des territoires.