Mutualiser les efforts à tous les échelons d’un territoire pour une politique open data efficiente
Saviez-vous que la crise sanitaire a favorisé l’ouverture des données ? C’est ce que met en avant l'Observatoire des Territoires d'octobre 2020. Malheureusement, cette ouverture des données ne se fait pas de manière homogène sur le territoire.
Saviez-vous que la crise sanitaire a favorisé l’ouverture des données ? C’est ce que met en avant l’Observatoire des Territoires d’octobre 2020. Malheureusement, cette ouverture des données ne se fait pas de manière homogène sur le territoire. Preuve en est que 100% des conseils régionaux ont désormais un portail en open data contre seulement 8% des collectivités de -100 000 habitants.
C’est pour cela que nous avons souhaité consacrer notre webinar du mois d’avril sur les sujets de mise en place d’une communication et d’un partage de données efficients entre différents échelons territoriaux. Pour nous parler de ces sujets et nous faire bénéficier de leur retour d’expérience, nous avons eu le plaisir d’accueillir Eric Legale de la ville d’Issy-les-Moulineaux et Isabelle Reynaud, du Territoire Grand Paris Seine Ouest.
Dans cet article et dans la vidéo en replay du webinar, nos deux intervenants nous parlent décentralisation des pouvoirs, partage des savoirs et des compétences en matière d’open data et conservation des identités individuelles de chacune des communes d’un territoire. Continuez votre lecture ou regardez cette vidéo pour en savoir plus !
Un portail territorial commun pour mutualiser les données et les bonnes pratiques
Un peu de contexte pour commencer !
Grand Paris Seine Ouest (GPSO) est un des douzes Territoires de la métropole du Grand Paris, composé de 8 communes : Boulogne-Billancourt, Chaville, Issy-les-Moulineaux, Marnes-la-Coquette, Meudon, Sèvres, Vanves et Ville-d’Avray, soit d’environ 300 000 habitants situé au sud ouest de Paris.
Isabelle, Ingénieure SIG et Open data, précise que “GPSO a une configuration un peu différente des autres plateformes territoriales.” Les plateformes territoriales sont souvent organisées autour d’une ville centre et de communes périphériques. Ce n’est pas le cas du territoire Seine Ouest, ce qui motive l’importance d’un portail fédérateur, pour mutualiser les données des 8 villes qui le composent et qui ont chacune leur identité propre.
GPSO dispose aussi d’un certain nombre de compétences qui lui sont propres, notamment en matière d’eau et assainissement, de gestion des déchets ou encore de mobilité ou de gestion des différents conservatoires du territoire. Ces expertises sont souvent complémentaires de celles déployées au niveau des communes.
Il était important pour GPSO de publier ces données et de les distribuer sur les portails des communes.
Toutefois l’initiative de créer un portail commun est venu des “acteurs animateurs du territoire et notamment de la ville d’Issy-les-Moulineaux qui était en avance dans sa démarche open data” nous précise Isabelle.
En effet, la démarche open data d’Issy-les-Moulineaux date de 2012, année qui marqua la première ouverture de leurs comptes administratifs en ligne. La particularité de la ville réside dans le fait que la gouvernance open data et l’innovation numérique sont portées conjointement par la ville et Issy Média, Société d’Économie Mixte chargée de la communication et de l’innovation pour la ville. Un atout selon Eric Legale, Directeur Issy Média, qui précise que “la coproduction privée/publique (nous) permet d’avoir une démarche pragmatique et de faire en sorte que ces projets d’innovation soient les plus proches possibles des usages des habitants.”
A la suite de la publication du compte administratif, la démarche open data de la ville s’est accélérée d’abord en publiant les données sur le site internet puis sur le portail national data.gouv.fr et finalement en adoptant un portail dédié Opendatasoft. Elle s’est enfin intégrée dans la démarche intercommunale en rejoignant le portail lancé par GPSO.
Aujourd’hui, sur les 8 villes qui composent le territoire, 7 ont un sous domaine qu’elles alimentent. Seule Marnes-La-Coquette ne dispose pas d’un portail propre, parce qu’elle dispose de peu d’agents. C’est donc GPSO qui assure la publication des jeux de données de la ville.
L’objectif principal du portail Seine Ouest est donc parfaitement rempli. Les portails des différentes villes qui composent le territoire sont mutualisés et les efforts de construction de l’open data sont fédérés tant au niveau local qu’au niveau territorial. Comme le commente très bien Isabelle,
“dès que quelqu’un publie quelque chose d’intéressant, on essaye de faire en sorte de se partager les codes sources, d’organiser et structurer nos données de la même manière pour que cela puisse être mutualisé sur le territoire”.
Et cela a été rendu possible grâce à la mise en place de leur groupe de travail appelé CODAL – le Comité Open Data des Acteurs Locaux. Eric surenchérit “L’intérêt de GPSO, c’est ce comité de pilotage entre les différents acteurs des villes et GPSO. Il permet d’échanger en temps réel sur nos besoins, nos attentes et sur les questions qui peuvent se poser.”
L'importance des portails individuels des villes pour les citoyens
Pour ceux qui se posent encore la question de l’importance des portails open data des villes, je vous propose de lire cet article qui vous donne 5 raisons de partager les données publiques.
Eric nous a partagé sa vision sur le rôle du portail open data d’Issy-les-Moulineaux.
Bien plus qu’un espace de publication, c’est la valorisation des données qui est au cœur de leur démarche. “Tout le monde est conscient que l’open data c’est assez rébarbatif et surtout carrément incompréhensible pour le commun des mortels donc nous avons vraiment veillé à valoriser ces données d’abord dans un souci de transparence pour rendre compte aux citoyens des politiques publiques”. Pour illustrer son propos, il a repris l’exemple du rapport financier, qui en plus de la transparence, a été publié pour permettre à tous ceux qui en auraient envie, de pouvoir vérifier ce qui est publié en allant chercher les informations dans les jeux de données.
N’hésitez pas à lire notre article sur les bienfaits de la transparence publique pour en savoir plus.
Autre point soulevé par Eric : l’importance de l’open data pour faciliter la vie quotidienne des habitants. Il nous a cité entre autres, le lancement de leur webapp sur les dispositifs de collecte des déchets, lancée à partir d’un jeu de données open data de GPSO.
Cet exemple nous a d’ailleurs permis de comprendre l’importance des portails individuels des villes. Isabelle explique qu’il s’agit avant tout de répondre aux pratiques des usagers, qui, selon elle, n’ont pas aujourd’hui le réflexe d’aller chercher l’information de l’EPT (Etablissement Public Territorial).
Eric confirme, pour lui aussi “l’habitant a le réflexe de se tourner vers sa mairie, et de chercher les informations qui le concernent plutôt sur le site open data de sa mairie. Toutes les données du territoire, qu’elles émanent de Grand Paris Seine Ouest mais aussi de la Région, de l’État, … ont pour vocation de se retrouver sur le portail local, mais avec un focus à l’échelle locale, parce que ce sont les données liées à la ville qui sont recherchées.”
Ce sujet de partage des informations entre différentes strates du territoire avait été abordé lors de Data on Board 2020 avec l’intervention de la Région Occitanie et du Département de l’Hérault. Les deux organisations avaient également conclu de l’importance de retrouver toutes les données au niveau local.
Et si le sujet du traitement des déchets vous intéresse plus particulièrement, vous pouvez aussi jeter un œil à notre blogpost sur l’optimisation de la gestion des déchets grâce aux données.
La communication : clé de voûte du succès
Pour faire en sorte que les données soient trouvables et réutilisables à tous les échelons, des synergies entre les différentes strates territoriales sont cruciales. Eric l’illustre très bien :
Isabelle nous explique qu’elle est en communication régulière avec chacun des échelons de collectivité concernés par son Territoire (Communes, Département, Métropole, Région, État).
Le premier échelon est composé des villes du territoire et des demandes liées aux besoins des villes. Par exemple, Issy-Les-Moulineaux a adopté un budget climat destiné à rendre compte de ses engagements en faveur de la préservation de l’environnement.
Eric nous racontait qu’il a fait la demande de données au niveau de GPSO pour pouvoir créer des indicateurs de suivi pertinents. Il nous précise “Si Issy est la seule à exprimer le besoin sur ces données, nous ne serons pas nécessairement une priorité pour GPSO. Et c’est là qu’il faut créer de la communication entre nous, des échanges et que nous puissions tous y trouver notre compte”.
Pour ce faire, le CODAL permet d’échanger régulièrement sur ces sujets et Isabelle nous a expliqué que l’une de ses priorités était “d’accompagner les villes et travailler au niveau du territoire sur la thématique du plan climat, du budget climat parce qu’on voit que c’est un sujet d’actualité et c’est important pour de nombreux acteurs sur notre territoire.
L’important est de produire des données chiffrées, qui soient à jour, le plus rapidement possible traduites en open data et qui peuvent être utilisées par chacun”.
Pour encore plus faciliter la montée en compétences des communes, il existe une page dédiée sur laquelle se trouvent l’annuaire des acteurs du territoire, des vidéos de sessions de formations techniques, des trucs et astuces pour gérer les données, des codes utiles … bref une véritable boîte à outils data !
Sur l’échelon supérieur, le Territoire Seine Ouest développe des dynamiques de partenariat avec le Département des Hauts de Seine, la Région Ile-de-France, ou encore avec la Métropole ou l’État à travers data.gouv.fr.
Ces différents partenariats ont pour objectif d’aider le territoire à obtenir des données utiles qui peuvent lui faire défaut. La participation de GPSO à la MIG 92 (Charte de mutualisation de l’information géographique dans les Hauts-de-Seine) permet par exemple au territoire de disposer d’une Orthophotographie gratuite pour son SIG et renouvelée tous les 3 ans environ.
Seine Ouest fédère également des données créées au niveau du département comme le tableau de bord de l’accidentalité ou encore Culture Chez Nous du Ministère de la Culture.
Le portail de GPSO est mutualisé aussi avec L’ALEC (l’Agence Locale de l’Energie) et SOEE (Seine Ouest Entreprise Emploi). Leurs données ouvertes sont publiées et des visualisations sont créées pour répondre à leurs besoins.
Le dernier échelon de communication, qui n’est pas le moindre, est celui des agents de GPSO. Isabelle nous explique produire pour ces agents et pour les administrés des data visualisations à différents échelons comme par exemple, le tableau de bord des conservatoires ou le tableau de bord Collecte Compostage.
Pour en savoir plus sur l’ensemble des projets des deux organisations, regardez le replay du webinar.
Les agents opérant au service des villes et des municipalités doivent bénéficier d’un accès facilité et sécurisé à des données fiables afin d’être plus efficaces dans leurs missions quotidiennes et de prendre de meilleures décisions pour améliorer la vie des résidents et créer de nouveaux services innovants. Découvrez comment les portails internes ou espaces de données répondent à ces objectifs.
Les collectivités territoriales ont déployé de nombreux efforts pour partager leurs données en open data et répondre aux différentes obligations réglementaires. Mais qu’en est-il de l’exploitation des données en interne ? Les territoires proposent-ils des solutions et services basés sur les données aux agents, élus, administrations et partenaires ?