La démocratisation des données en France : ce qu’il faut retenir de l’étude Odoxa 2025

Les directions data estiment que le partage s’accélère, les équipes métiers peinent encore à en voir les effets et à en tirer parti. L’accès reste souvent limité, les outils inadaptés, et la gouvernance pas toujours alignée sur les usages. L’heure est au passage à l’échelle pour créer une valeur concrète et rentabiliser les investissements data.

L’Observatoire Opendatasoft, réalisé avec Odoxa met en lumière les avancées, les résistances et les leviers à activer pour que la donnée cesse d’être un privilège d’experts et devienne un véritable moteur collectif dans les organisations. L’étude analyse pour la première fois deux cibles complémentaires : les leaders data (CDO, DSI, responsables data & analytics…) et les utilisateurs métier. Au total, plus de 850 professionnels ont été interrogés.

Les organisations prennent enfin la mesure de l’enjeu. 60 % des leaders data font du partage des données une priorité stratégique, un chiffre en progression de 21 points en trois ans. L’accès progresse, la culture data s’ancre, et les investissements se structurent autour d’une vision claire sur la valeur des données.

Mais cet élan n’est pas encore partagé par tous. Seuls 26 % des utilisateurs métier perçoivent ces avancées dans leur quotidien. Si près d’une entreprise sur deux (45 %) a mis en place un accès unifié aux données, 55 % restent encore cloisonnées par des silos techniques et organisationnels.

Le défi ne réside plus seulement dans la mise à disposition des données, mais dans leur appropriation. Un accès facilité ne suffit pas : sans outils adaptés et sans autonomie des équipes, la donnée peine à se transformer en levier opérationnel.

L’enjeu ? Passer d’une logique d’ouverture à une logique d’usage.

Lorsqu’elles sont facilement accessibles, les données sont un accélérateur de performance. 84 % des utilisateurs métier constatent un gain d’efficacité significatif lorsqu’ils peuvent obtenir les informations nécessaires sans intermédiaire technique. Trois bénéfices majeurs ressortent :

• Une prise de décision plus rapide grâce à un accès direct aux indicateurs clés.
• Une réduction des erreurs en éliminant les étapes manuelles et les ressaisies multiples.
• Un pilotage optimisé qui permet d’anticiper plutôt que de réagir.

L’absence de solutions adaptées limite l’autonomie des équipes. À l’inverse, lorsqu’un point d’accès unique est en place, les gains sont immédiats. Les commerciaux identifient en temps réel les clients à risque et ajustent leur discours, la finance suit les écarts budgétaires en direct et prend des décisions correctives instantanées, et les RH détectent les signaux faibles du turnover avant qu’ils ne deviennent un problème. Quant aux experts data, ils ne sont plus accaparés par des demandes ponctuelles et peuvent se concentrer sur la gouvernance et l’amélioration de la qualité des données.

En clair, il faut passer d’un modèle d’accès contraint à une exploitation fluide et proactive et une consommation à l’échelle. 

La démocratisation des données progresse, mais comme nous l’avons dit, 55 % des organisations n’ont toujours pas mis en place un accès unifié. Malgré des investissements croissants, l’exploitation de la donnée à grande échelle se heurte encore à plusieurs résistances.

Trois freins majeurs émergent :

• Un manque de reconnaissance stratégique : certaines directions perçoivent encore la donnée comme un coût plutôt que comme un levier de transformation.
• Une fragmentation technique : les silos freinent le partage et empêchent une circulation fluide des données.
• Des difficultés à mesurer le ROI : sans indicateurs clairs, les arbitrages budgétaires restent prudents.

Un écart entre ambition et réalité

45 % des leaders data constatent un décalage entre les objectifs affichés et la réalité du terrain. Manque de financements, absence de formation, outils trop complexes : ces facteurs ralentissent l’appropriation des données par les équipes.

Pourtant, les bénéfices sont bien réels.

Les organisations les plus avancées sur ces sujets ne se contentent plus de stocker la data : elles la transforment en un actif stratégique, activable par tous, au service de la performance collective.

Le rapport met l’accent sur une « double vision » :

• 61 % des leaders data considèrent leur entreprise « en avance ».
• Quand seulement 26 % des utilisateurs métier partagent cet avis.

Pourtant, 64 % des utilisateurs métier se disent satisfaits de l’accès aux données. Ce chiffre indique que même si l’écart existe, la maturité data progresse aussi chez les opérationnels.

Ce décalage s’explique par le fait que les responsables techniques estiment avoir fait des progrès technologiques, tandis que les équipes de terrain ne voient pas encore les bénéfices dans leurs processus quotidiens. L’étude précise que 30 % des répondants doivent solliciter un analyste ou un service data pour accéder aux informations, ce qui ralentit l’utilisation spontanée de la donnée.

La culture data doit donc encore se diffuser au-delà du cercle des experts. Sans une appropriation plus large, toute stratégie de démocratisation reste limitée.

L’accès aux données est aujourd’hui un besoin clé. 67 % des leaders data prévoient la mise en place d’une data product marketplace pour faciliter le partage des données à l’échelle. Ce modèle centralise les actifs et produits de données, fluidifie leur circulation et transforme chaque dataset en un produit exploitable, prêt à l’usage.

Les utilisateurs métier sont tout aussi convaincus : 70 % d’entre eux réclament un accès simplifié, sans dépendance aux experts techniques. Un besoin qui traduit une évolution majeure : la donnée doit être immédiatement activable, sans barrières ni délais.

Dans les organisations ayant franchi ce cap, les équipes identifient rapidement les insights utiles, accélèrent leurs décisions et libèrent du temps pour des analyses stratégiques à plus forte valeur ajoutée. Plus besoin de naviguer entre plusieurs outils ou de multiplier les demandes : l’information circule de manière fluide. 

L’intelligence artificielle générative renforce l’urgence d’accéder à des données unifiées et exploitables. 67 % des leaders data placent ainsi l’IA parmi leurs priorités pour 2025. 

« Mon organisation doit continuer d’investir massivement dans des outils utilisant l’intelligence artificielle pour garder une longueur d’avance sur la concurrence ! »
(Leader data, secteur privé)

Pour les équipes métiers, cette évolution se traduit par des besoins très concrets. 70 % aimeraient disposer de produits de données (ou data products) prêts à l’emploi, c’est-à-dire prêts à l’usage, ayant un impact à l’échelle, répondant à un besoin précis et encadrés par des contrats de données.

Sans infrastructure robuste et gouvernance adaptée, ces modèles prédictifs et outils génératifs ne délivrent pas leur plein potentiel. Les modèles d’IA se nourrissent de la data : sans un accès fluide et structuré aux bonnes informations, ils ne peuvent ni apprendre efficacement ni produire des résultats pertinents.

Le temps presse pour les leaders data. Pour garantir des systèmes d’IA performants et alignés avec les besoins métiers, la donnée doit être partagée à grande échelle, en respectant les exigences de gouvernance et de sécurité.

L’étude Odoxa met en évidence quatre leviers stratégiques pour ancrer la démocratisation des données dans les pratiques des organisations.

1. Renforcer la gouvernance

70 % des leaders data placent la qualité, la sécurité et la conformité au premier plan. Sans cadre structurant, les informations restent fragmentées et la confiance des utilisateurs s’érode. Une gouvernance claire garantit la fiabilité des données et leur bon usage.

2. Unifier l’accès aux données

67 % des décideurs prévoient de déployer une data product marketplace pour unifier la recherche et la consommation des données. Un accès fluide réduit la dépendance aux experts data et accélère la prise de décision au sein des équipes métier.

3. Exploiter l’IA comme levier stratégique

67 % des entreprises intègrent l’intelligence artificielle dans leur feuille de route. Sans données homogènes et accessibles, les algorithmes ne fournissent pas de résultats fiables. L’IA impose une structuration rigoureuse et une gouvernance renforcée.

4. Accélérer la formation et la sensibilisation

65 % des leaders data identifient ce chantier comme une priorité. Développer une culture data partagée, de la direction aux équipes opérationnelles, évite les biais d’interprétation et favorise une exploitation responsable des informations.

Le partage des données s’impose comme un levier de compétitivité. Les résultats de l’enquête Odoxa 2025 montrent que les entreprises ayant misé sur l’accès unifié et la formation en retirent déjà des bénéfices concrets : gain de temps, meilleure coordination et décisions plus éclairées.

Pourtant, l’écart entre l’optimisme des leaders data et les attentes des utilisateurs métier souligne que la réussite repose autant sur la technologie que sur la conduite du changement. La volonté de partager progresse, mais elle exige des outils adaptés, une gouvernance solide et un engagement réel du top management.

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