Pourquoi le partage de données est primordial en temps de crise
Retour sur les raisons qui font que les données nous permettent de gérer une crise comme celle que nous vivons aujourd’hui, et quels sont les mécanismes psychologiques qui entrent en ligne de compte.
“Les médias exagèrent, ça tourne à la psychose. Après tout, ce n’est qu’une nouvelle sorte de grippe.” Et oui, c’était encore mon discours le jeudi 12 mars… Avant que je ne tombe sur cet article, élaboré par Tomas Pueyo.
Alors que l’auteur de ce contenu n’est pas médecin, ni même journaliste, son article a eu un retentissement énorme : il a été lu plus de 30 millions de fois, a été traduit en 20 langues et a inspiré plusieurs politiciens dans leur prise de décision*. Pourquoi son article a-t-il émergé parmi les dizaines de contenus publiés à propos du coronavirus ? Parce qu’il est rempli de données ! Et pas seulement de données concernant les personnes touchées par le virus ou encore de personnes décédées (le type d’informations que l’on nous partage à longueur de journées), mais surtout de données prédictives, de données qui poussent à l’action. “Mon rôle n’était pas de faire de la recherche, mais de l’assemblage. Mettre toutes les analyses en un seul article, pour que les gens comprennent l’urgence.” confie Tomas Pueyo à 20 minutes.
Les journées qui ont suivi la publication de cet article ont été teintées de prises de décisions difficiles : fermeture d’établissements, annulations d’événements, mise au télétravail, confinement. En l’espace de quelques jours, la perception que nous avions de ce virus a changé.
J’ai voulu me pencher sur les raisons qui font que les données nous permettent de gérer une crise comme celle que nous vivons aujourd’hui, et quels sont les mécanismes psychologiques qui entrent en ligne de compte.
De l’abstrait au réel
En Europe, nous entendons parler du coronavirus depuis le mois de décembre. Pourtant, il y a encore quelques semaines, la situation nous paraissait très abstraite. « La Chine, c’est loin, n’est-ce pas ? Et puis, il est fort probable que les effets du virus se tarissent avant d’arriver jusqu’à la France. » Même lorsque le virus s’est rapproché de nous, en Italie, nous avions encore l’espoir qu’il s’arrête devant nos frontières. Les êtres humains sont plutôt optimistes de nature, et peinent à prendre des décisions fortes avant la dernière minute.
Selon une expérience menée par Tali Sharot du University College à Londres et Christoph Korn de l’Université libre de Berlin, “le cerveau peine à se réajuster en cas de mauvaise nouvelle et à coder les informations qui devraient l’amener à des prédictions moins optimistes. Cette incapacité à interpréter correctement des signaux alarmants joue peut-être bien des tours à l’espèce humaine.”
Impossible de ne pas faire un parallèle avec le réchauffement climatique : nous avons beau savoir que de nombreuses catastrophes liées à ces dérèglements sont à nos portes, la plupart d’entre nous ne se sent pas encore prêts à agir. Nous avons de nombreuses données à disposition concernant cette problématique, dont certaines sont plutôt alarmantes, mais elles concernent un futur qui nous semble encore lointain… Tout comme le coronavirus nous semblait encore lointain il y a quelques semaines. L’article de Tomas Pueyo, par contre, nous alerte de manière urgente : “ Avec environ 126 cas dans la ville de Paris (au 12 mars), le nombre réel de cas se situe probablement dans les centaines, voire les milliers. Avec 630 cas en Île-de-France, le nombre total de cas dans la région pourrait déjà dépasser les dizaines de milliers. Le coronavirus en France est déjà une épidémie plus grave qu’en Chine. On ne s’en est juste pas encore rendu compte. Si votre entreprise est située à Paris (intramuros) et qu’elle compte 250 employés, il y a aujourd’hui 95 % de chances qu’au moins l’un de vos employés soit atteint du coronavirus. Fermez votre bureau aujourd’hui.”
Il semblerait donc que ce soit le combo données chiffrées + immédiateté qui nous fasse réagir.
Des projections pour passer à l’action
Les données n’ont pas pour seule vocation de nous informer : elles permettent également aux experts de s’en emparer afin de créer des analyses, des projections qui servent de gouvernail aux autorités. Ce sont des projections comme celle de Tomas Pueyo qui poussent les gouvernements à agir rapidement, les entreprises à s’adapter et les hôpitaux à s’organiser.
C’est notamment le cas en Bourgogne Franche-Comté : “Dans un document interne aux services hospitaliers daté du 16 mars, les projections font état d’un besoin qui pourrait grimper jusqu’à 300 lits en réanimation dans les premiers jours du mois d’avril sur l’ensemble de la région. C’est 50% de plus que les capacités normales de prise en charge. Pour affronter cet afflux de patients, et notamment les plus graves, tous les hôpitaux de la région se réorganisent. Objectif : dédoubler les capacités de prise en charge en soins intensifs et notamment en réanimation.”
Côté politique, un conseil scientifique composé de 10 experts a été mis en place par le président Emmanuel Macron afin d’éclairer la “décision publique”. Selon ces modélisations confidentielles, dont Le Monde a eu connaissance, l’épidémie de Covid-19 pourrait provoquer en France, en l’absence de toute mesure d’endiguement, de 300 000 à 500 000 morts. Ces projections ont permis au président et au gouvernement de prendre des mesures à hauteur de la gravité de la situation.
Il n’y a qu’en analysant des données que l’on peut prendre des décisions mesurées. Ce n’est pas pour rien que les hôpitaux de Paris cherchent actuellement des data scientists.
Des données pour garder le contrôle sur la situation
Dans notre société actuelle, les informations pleuvent de toutes parts et nous n’avons pas l’habitude de ne pas savoir, de ne pas connaître tous les tenants et aboutissants d’une situation. C’est pourquoi la crise que nous vivons aujourd’hui nous laisse pantois : bien que les médias véhiculent de nombreux messages à son propos, cette pandémie nous échappe. Les experts n’ont pas le recul nécessaire afin de nous apporter des réponses fermes. Quels sont les symptômes exacts ? Un vaccin va-t-il rapidement émerger ? Combien de temps le confinement va-t-il durer ? Beaucoup de questions restent en suspens. Dans ce contexte incertain et anxiogène, les données nous rassurent, elles permettent de nous sentir un peu plus en contrôle.
Et pour que les données puissent remplir leur rôle et nous rassurer, il faut qu’elles soient accessibles et compréhensibles. C’est pourquoi plusieurs acteurs publics ont lancé des initiatives de partage de données avec les informations qu’ils ont à leur disposition concernant la pandémie.
Voici quelques exemples inspirants :
Castilla y Leon & ses données Covid-19
Notre client Junta de Castilla y Leon a publié un tableau de bord Covid-19 sur son portail. L’API de ce portail est appelée en moyenne 4 millions de fois par jour.
Issy-Les-Moulineaux & les livraisons à domicile
La ville d’Issy-les-Moulineaux utilise sa plateforme open data pour lister les commerces isséens qui proposent une livraison à domicile durant la période de confinement liée au Covid-19. Une belle initiative !
Dunkerque & ses producteurs locaux
L’Île-de-France & l’ouverture des pharmacies
En cette période de crise sanitaire, la région Ile-de-France partage des informations concernant l’ouverture des pharmacies de la région. Des données clés pour les citoyens.
La BPCE & ses agences
La BPCE partage la liste de ses agences ouvertes / fermées en Île-de-France durant la période de confinement.
La Corse & ses données Covid-19
L’Île de Beauté a créé un jeu de données qui fait état de la situation de l’épidémie sur les terres corses. Il a été créé sur base des données mises à disposition par Santé Publique France.
Nous sommes convaincus que l’adage “Sharing is Caring” (“Partager, c’est prendre soin des autres”) est plus que jamais d’actualité, c’est pourquoi nous avons décidé de vous aider à partager vos données liées au Covid-19 (sans frais).
- Si vous travaillez déjà avec un portail ODS : Nous avons créé une application dédiée à la crise sanitaire. Cette app permet à nos clients de faciliter la procédure de partage de données liées à la pandémie (voir l’exemple de Junta de Castilla y Leon).
- Si vous ne travaillez pas encore avec ODS : Nous vous offrons l’opportunité de créer un tableau de bord clair et concret comme celui-ci, même si votre organisation ne travaille pas avec un portail en open data.
N’hésitez pas à nous contacter si vous avez besoin d’aide dans la mise en place de ce type de tableaux de bords, ou de tout autre projet de partage de données.
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